|
|
 |
Samedi libre à Paris : ça marche !
A l’école Houdon, le transfert du samedi au mercredi est devenu une évidence.
Sylvie Aussourd n’en revient pas: sa fille de 8 ans va à l’école «avec une banane jusqu’aux oreilles». Depuis 1996, à l’instigation de la direction, enseignants et animateurs de l’école Houdon (18e) ont concocté un emploi du temps sur mesure. Ici, les apprentissages fondamentaux sont dispensés du lundi au vendredi, mercredi matin inclus. Et l’ensemble du temps scolaire est repensé. Chaque jour, une collation est fournie par l’école: «Du coup, les enfants tiennent jusqu’à 13heures, explique Sylvie, qui préside aussi la FCPE de l’école. Et les cours reprennent de 14 h 30 à 16h 15.» Les après-midi du lundi et du jeudi sont libres. En principe, car «les enfants suivent tous trois des activités périscolaires». Photo, tennis, escrime, danse, échecs, jonglage… le tout dirigé par des animateurs diplômés. Le coût? «Environ 1600francs par élève, financés par le ministère de la Jeunesse et des Sports et, depuis cette année, par la Caisse des écoles. Cette expérience, qui assure 25 heures et demie d’enseignement par semaine, le directeur y réfléchissait depuis des années. Objectif? Réduire l’inégalité des chances en favorisant l’accès gratuit à un tas d’activités», indique Sylvie.
A l’évocation, «marginale» à ses yeux, du samedi libéré, le directeur Gilles Boddaert tempête: «Je refuse d’entrer dans cette polémique. Que la presse, “le Nouvel Observateur” surtout, s’en empare est bien la preuve d’une manipulation politico-médiatique, estime-t-il. L’aménagement des rythmes scolaires, c’est autre chose que ce bricolage. Quant à la demande des parents parisiens, ce n’est pas mon problème!»
Des parents qui, à Houdon, ne boudent pourtant pas leur plaisir. Sylvie avoue même être «extrêmement déçue par la position frileuse de la FCPE-Paris, qui ne veut pas entendre parler du samedi libre» (lire page 10). Tous les parents se félicitent également d’un choix qui a «réduit l’absentéisme» à un niveau aussi faible le mercredi que les autres jours. Soit environ 0,02%. Quand sa fille a atterri rue Houdon, Emmanuelle, divorcée, a adhéré au samedi libre: «Elle avait enfin un vrai week-end avec son père. La garde alternée, c’est une vraie galère quand on habite des arrondissements différents. On pourrait tenir compte du nombre de couples séparés à Paris.» Aujourd’hui, c’est au tour d’Achille, son fils de 7 ans, d’en profiter. «Royal, s’exclame Emmanuelle. Nous sommes tous calés sur le même tempo. Au collège, ma fille n’a pas cours le samedi.» Mère de deux enfants, Isabelle a aussi connu les deux sytèmes. «Quand ma fille avait son mercredi, le matin elle ne faisait rien de spécial. L’après-midi, il fallait la conduire à la danse. Pas simple quand on travaille.» A leur arrivée, rue Houdon, elle a redouté la fatigue: «Ils n’en ont montré aucun signe. Mieux: ils se portent volontaires pour aller en classe.» Une attitude vérifiée par Sylvie: «Le mercredi ne provoque pas cette rupture préjudiciable dont parlent les chronobiologistes. Au contraire, les cours du mercredi ont repeuplé le centre de loisirs.» Le tollé –des enseignants – suscité par la suppression du samedi laisse les familles perplexes. «Comme la plupart ici, je ne comprends pas non plus que la FCPE-Paris s’y oppose, lâche Isabelle. Pourquoi cette
levée de boucliers? Mystère…»
Isabelle Curtet-Poulner
|
|
|

|
|